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LES FONCTIONS DU CHEVAL

Le cheval ne laisse pas indifférent… Chacun d’entre nous possède ses propres représentations sur cet animal qui fascine autant qu’il fait peur. Le cheval interagit avec son environnement en permanence (curiosité, intérêt, inquiétude,...) et possède un espace sensoriel particulièrement développé qui le rend très sensible à son environnement et toute forme d’interaction intra ou inter espèces. Par son mode de vie social, chaque individu a sa place au sein du troupeau. Le cheval communique avec ses pairs par toute une palette d’attitudes, de mouvements, de sons, qui font codes et langage. Comme tout être vivant, il est doué d’une sensibilité propre, d’émotions, de sentiments, d’une conscience de lui-même et de ce/ceux qui l’entoure.

Avec l’Homme, la communication est donc d’abord analogique : le cheval perçoit le message corporel (place occupée, voix, silences, postures, regards, intention, émotions, images mentales, pleine présence, énergies vibratoires) que nous renvoyons non consciemment. Le cheval est facilitateur de relation, la communication s’établit autrement que par la parole, il nous relie à notre langage primitif, celui de l’intuition. Cette rencontre permet aussi une temporalité plus lente, on se « pose », on prend le temps, il n’y a pas d’enjeu de résultat dans le « faire » ; il s’agit simplement d’être présent et engagé de sa place dans « l’ici et le maintenant ». De plus, il fait lien entre nous et la nature, avec laquelle il est intimement lié, cela nous permet de prendre conscience pour nous aussi de nos besoins physiques et psychiques. Ces interactions sont riches dans notre pratique avec les personnes valides ou en situation de handicap, elles nous donnent des indications sur l’état intérieur, émotionnel, relationnel, comportemental de chacun, et nous aident à adapter le travail de médiation en fonction des objectifs visés.

En tant qu’être vivant, le cheval a ses états propres (histoire, émotions, attitudes, tempérament) qui vont interagir avec l’Homme (avec également notre histoire, expériences de vies, blessures, émotions, mécanismes de défenses…). C’est donc un échange qui renvoie à soi et permet à l’accompagnant de formuler des hypothèses en termes de compréhension, de mode de relation et de communication (concept du « cheval miroir » développé par Isabelle Claude, présidente de la fédération nationale Handi Cheval) car ce qui ce joue avec l’animal résonne bien souvent avec ce qui se joue avec d’autres humains. Le cheval est l’intermédiaire entre « le dedans » et « le dehors », entre moi et l'autre: la prise de conscience de ce que j'ai en commun avec autrui, ce qui me relie aux autres et au monde, et également ce qui fait que je suis un être unique, avec mon identité propre, le chemin de mon âme. Pour concevoir ce qui fait la particularité du cheval, il est important de prendre en compte ses différentes fonctions et apports:

 

Fonctions symboliques :

• puissance, liberté, force, beauté, rébellion, compagnonnage (agriculture, guerre, loisir...). Le cheval est souvent associé au voyage, sur terre, comme dans les mondes intermédiaires/le territoire des morts, il a donc une connotation spirituelle forte

Fonctions d’identification :

support narcissique à la construction de soi : identité, confiance, valorisation, autonomie, responsabilisation, estime de soi, confiance en soi/en l'autre, respect

fonction maternelle : portage, stimulations basales, toucher, bercement, chaleur (mouvement hélicoïdal au pas, qui se rapproche du bercement dans le ventre de la mère), animal à pelage: douceur, prendre soin de l'autre, effet apaisant et calmant

• fonction paternelle : règles/codes, contenant, ouverture sur le monde, force, adaptation, prise de conscience des limites (spatiales, tactiles, comportementales : le cheval peut faire mal, et reste plus « fort » que nous, ce qui implique de trouver un mode relationnel basé sur le respect et la confiance)

Fonctions réelles :

• affective et relationnelle : création de liens, contact, partage, socialisant (interactions sociales inter et intra espèces), objet transitionnel, prise de conscience/expression/libération des émotions/besoins universels, gestion de la frustration/du désaccord, relaxation/détente/méditation, centrage/cohérence/congruence, écoute de soi/écoute de l'autre, notion de "prendre soin", pouvoir décrypter les micro signes que renvoie le cheval, généraliser ses compétences de la séance d'équicie à la vie quotidienne, autonomisation, accompagnement de l'hypersensibilité et du psychotraumatisme

• communicationnelle : verbal (voix, mots, intonations) et non verbal (langage du corps : intention, regard, posture, énergies vibratoires, gestes et déplacements dans l'espace, isopraxie), capacités d'adaptation

• cognitive : sollicitation de la mémoire (court et long terme), compréhension, ajustement, développement de attention/la concentration, analyse,  persévérance, développement du langage (écrit/oral), développement des fonctions exécutives (organisation/planification, abstraction, jugement, auto-contrôle, flexibilité),donner du sens aux apprentissages dans le concret, redonner l'envie d'apprendre

• rééducative/sensori-motrice : mobilisation du corps dans sa globalité : perception/sensation, motricité globale et fine, ajustement postural (3 plans de déséquilibres lors de la mise à cheval), relâchement ou stimulation (mobilisation musculaire, articulaire), équilibre, assouplissement, tonicité, coordination/dissociation, retrouver sa verticalité (notamment pour les personnes en fauteuil ou avec un handicap moteur), repères spatio-temporels, perception de soi/schéma corporel, exploration de l'environnement, éveil sensoriel ou gestion de l'hyper- ou hypo- sensorialité (tactile, vestibulaire/proprioceptif, olfactif, visuel, auditif, gustatif).

L’équicie (médiation équine) peut permettre :

de mieux se connaître : prise de conscience de ses schémas,  croyances, fonctionnements relationnels, blessures émotionnelles, besoins physiques et psychiques, faire un point de parcours dans sa vie, trouver un sens à son vécu…

de mieux communiquer : communication non verbale (posture, regard, voix, intention, déplacements), poser ses limites, adaptation/souplesse relationnelle, gérer des désaccords, parler de sa place et de sa responsabilité

de développer la confiance/l’Amour de soi : oser, mieux vivre le sentiment d’échec/difficulté/changements, gérer ses émotions, se libérer de ses charges mentales/peurs, trouver son équi-libre

de se reconnecter à soi, la nature, une temporalité plus lente, « ici et maintenant », le langage primitif de l’intuition, se relier à son cœur, son « es-sens-ciel », s’ancrer, (re)prendre conscience de son corps, ses (re)ssentis subjectifs (sensations-perceptions)

. d’apprendre à observer : micro signes, messages que les chevaux nous renvoient, et d’en tenir compte  (partenariat et non rapport de force), mieux connaître les chevaux/leurs réactions

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